Résumé de son intervention
Dans une conférence dense et engagée, Jacques Tardif a rappelé que l’approche par compétences repose sur le développement de savoir-agir complexes, qui nécessitent de mobiliser et combiner efficacement des ressources internes (savoirs, savoir-faire, attitudes) et externes (outils, environnements, IA) dans des situations authentiques.
Il a insisté sur la distinction entre évaluer des ressources (connaissances, savoir-faire isolés) et évaluer une compétence, qui suppose une mise en action contextualisée. Pour lui, l’IA ne doit pas être vue comme une menace, mais comme une ressource externe parmi d’autres, à intégrer pleinement dans les dispositifs d’évaluation, à condition que les étudiants soient tenus d’en expliciter l’usage.
Cadrage de l’Université de Montpellier sur l’Approche par compétences
Jacques Tardif a débuté son intervention par un rappel du contexte de l’Université de Montpellier sur l’approche par compétence en reprenant 3 phrases clés du document « Stratégie d’élaboration de l’offre de formation et cadrage 2027 / 2031 » de l’Université de Montpellier :
« La mise en place de la démarche « compétences » fait partie des évolutions fondamentales en matière de pédagogie dans l’enseignement supérieur. Elle vise à organiser la formation en plaçant les compétences (et pas uniquement les savoirs et connaissances) au cœur des dispositifs d’enseignement. » (p.14)
« [L’approche par compétences] permet aux étudiantes et étudiants de mieux comprendre l’apport de la formation dans la construction de leur projet professionnel. C’est un levier important pour donner du sens aux enseignements. » (p. 8)
« Chaque étudiant est incité à élaborer son portefeuille d’expériences et de compétences. Ce portfolio est l’occasion pour l’étudiante et l’étudiant de mener une démarche réflexive sur son parcours. En réunissant des preuves des apprentissages réalisés, il offre à l’étudiant l’opportunité de démontrer et valoriser les compétences acquises. […] Le portfolio peut être rendu obligatoire comme modalité d’évaluation des compétences et servir de document de travail et d’évaluation dans les UE de PPE. » (p. 17)
Points clés à retenir :
- Définition rigoureuse de la compétence : un savoir-agir complexe, non automatisable, mobilisé dans une famille de situations. Il s’oppose à une simple liste de savoir-faire.
- L’IA comme ressource externe : elle peut enrichir l’action de l’étudiant, mais ne doit pas être utilisée de manière opaque. L’étudiant doit expliciter ce que l’IA a apporté à sa production.
- Évaluation authentique : elle doit porter sur des situations réelles ou simulées, contextualisées, et permettre à l’étudiant de démontrer sa capacité à agir de manière judicieuse, en explicitant les ressources internes et externes mobilisées et combinées, notamment l’IA.
- Exigence de transparence : dans toute évaluation intégrant l’IA, l’étudiant doit indiquer :
- quelles IA ont été utilisées ;
- ce qu’elles ont apporté à la construction de l’argumentation ou de la solution ;
- ce qui n’aurait pas été produit sans leur usage.
- Rôle de l’enseignant : concevoir des situations d’évaluation qui permettent de révéler le savoir-agir, accompagner les étudiants dans une démarche réflexive, et poser un cadre clair sur l’usage de l’IA.
En conclusion, pour Jacques Tardif, évaluer un savoir-agir complexe, permet une intégration maximale de l’IAg du moment que l’évaluation se base sur des situations authentiques et que l’étudiant soit engagé à expliciter les contributions de l’IA dans sa restitution. En revanche, évaluer des ressources internes que l’étudiant doit éventuellement mobiliser ne nécessite qu’une intégration minimale des IAg puisque l’accent est placé sur des apprentissages déclaratifs et procéduraux. Il d’ailleurs fort probable que, dans ce contexte, le recours à l’IA soit superflu.
Retrouvez l’intégralité de son intervention ici : https://video.umontpellier.fr/video/23339-levaluation-des-competences-a-lere-de-lia-par-jacques-tardif/
Extrait de la table ronde : "l'enseignant, mediateur des apprentissages"
Lors de la table ronde, Jacques Tardif a réaffirmé que l’IA ne doit pas être interdite, mais encadrée. Il a plaidé pour une posture pédagogique honnête : si l’on évalue des connaissances, il faut le dire ; si l’on prétend évaluer des compétences, alors il faut créer les conditions pour que le savoir-agir puisse s’exprimer.
Il a également souligné que l’IA peut renforcer la motivation des étudiants, à condition qu’ils soient acteurs de leur apprentissage et qu’ils comprennent le sens des tâches proposées.
L’enseignant devient alors un facilitateur de sens, un médiateur entre les ressources (humaines et artificielles) et les apprentissages.
https://video.umontpellier.fr/video/23340-table-ronde-et-echanges-ia-et-evaluation/
Pour aller plus loin :
Retrouvez les différents articles en lien avec les interventions de Jacques Tardif à l’UM en juin 2025 :
Découvrez le webinaire de présentation de l’APC avec Jacques Tardif proposé par ChallengeMe, notre partenaire sur le projet PairsIA :
Participez à la formation proposée par le Service des Usages du Numérique et le Service Central deSoutien à l’Innovation Pédagogique de l’Université de Montpellier :