Tous les ans, les thématiques de l’AAP sont revisitées en fonction des actualités. Pour cette édition, le comité propose une nouvelle thématique sur l’expérimentation des intelligences artificielles génératives pour la formation.
Dans l’interview qui suit, Thuy SERAN nous fait part de son expérience dans le domaine des intelligences artificielles génératives et ses motivations à participer à l’appel à projet pour recevoir un accompagnement de la DSIN.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Thuy SERAN, Maître de conférences et enseignante en Contrôle de gestion à MOMA (Montpellier Management).
J’ai participé à des projets d’innovation pédagogique à l’Institut Montpellier Management depuis 2018. Cela comprend mes cours en Master 1 et Master 2 sur le contrôle de gestion et l’analyse financière. En 2017, le professeur Gérald Naro et moi avons créé un MOOC sur le Balanced Scorcard, ce qui a attiré environ 7000 inscrits. Nous mettons à jour ce MOOC chaque année et en 2019 une version chinoise a été créée pour le MBA en Chine. J’ai aussi créé une vidéo d’étude de cas pour BPCE et contribué à plusieurs projets pédagogiques.
Également formée pour dispenser l’enseignement à distance à travers d’un Master dédié, j’ai très tôt créé des cours en ligne sous différents formats (vidéo, Powerpoint, exercice en ligne, quiz interactif) afin de faciliter l’apprentissage et le suivi de la progression des étudiants.
Quel que soit le sujet abordé, je fais toujours en sorte d’intégrer de l’interaction dans le déroulé des séances pour impliquer les étudiants (projet, étude de cas, ou encore présentation orale sous forme de classe inversée avec des cas concrets).
Depuis 2023, je crée mes vidéos de cours à travers d’une plateforme d’IA Synthesia et l’utilise comme exemple concret d’utilisation des intelligences artificielles génératives pour mes cours de transformation digitale.
Quelles étaient vos motivations et objectifs pédagogiques en vous intéressant à la génération de vidéos grâce à l’IA ?
J’utilise Synthesia depuis 2013 dans le cadre de mes enseignements. Synthesia est un outil vidéo alimenté par une intelligence artificielle permettant la création et l’animation d’avatars numériques dotés une voix réaliste. Je m’en sers notamment pour mes cours en anglais et en chinois car les avatars générés par Synthesia peuvent parler plusieurs langues, en reproduisant des gestes et des expressions faciales de manière convaincante.
Comment s’est déroulé le choix de l’outil ?
Le choix de Synthesia s’est fait assez naturellement après quelques essais convaincants. Auparavant, j’ai également utilisé Camtasia, mais Synthesia est plus avantageux en termes de montage et en temps de traitement. L’outil présente également l’avantage de pouvoir mettre à jour les vidéos en fonction de l’évolution de mes enseignements.
Vous avez donc déjà pratiqué l’outil avant de répondre à l’appel à projet PédagoN’UM. Quel impact positif cette nouvelle pratique a-t-elle eu pour votre enseignement ? Quelle a été la réception de vos étudiants ?
Synthesia facilite la création de contenu, que l’on peut ensuite héberger rapidement sur différentes plateformes. L’outil est relativement facile à utiliser : il suffit de saisir le script et de l’entendre ensuite être prononcé. J’ai également utilisé cet outil pour faire d’autres types de vidéos, comme des présentations de mes formations ou encore des corrections d’études de cas en contrôle de gestion et en analyse financière que mes étudiants puissent consulter à leur rythme.
Pour les cours en anglais, les formats capsules de 5 à 10 minutes permettent aux étudiants de les revoir facilement et rapidement durant leurs révisions. Les étudiants à distance, en général occupés par une vie professionnelle ou résidants à l’étranger, apprécient le fait de pouvoir étudier de manière asynchrone, à leur rythme.
Les vidéos de présentation du déroulé des différentes formations donnent lieu à des questionnements, permettant de guider de manière individuelle les étudiants.
Quelles sont les limites que vous avez rencontrées et vos motivations à candidater pour un accompagnement de la DSIN dans le cadre de l’appel à projet PédagoN’UM ?
La première limite de Synthesia est que le logiciel est payant et que l’abonnement permet seulement de réaliser 10 minutes de vidéo par mois. Ce crédit n’est pas reportable sur les mois suivants. Il est donc important de planifier la création de vidéos de manière régulière pour ne pas perdre ce crédit.
La seconde limite du logiciel réside dans la création de votre propre avatar, qui est assez coûteuse. C’est pour cette raison que nous avons sollicité un accompagnement de la DSIN dans le cadre de l’appel à projet PédagoN’UM. Cet accompagnement inclut un support financier de l’UM et la création d’un échantillon vidéo servant à la création de l’avatar.
Quelles sont vos perspectives pour ce projet ? S’agit-il d’une première étape dans l’adoption des intelligences artificielles que vous souhaiteriez développer sur le long terme ou s’agit-il d’un besoin ponctuel ? Voyez-vous des points d’amélioration ou des sujets à explorer ?
Nous envisageons d’expérimenter l’IA générative pour toutes nos formations E-learning, de la licence au master, dont nous sommes responsables dans la filière Hôtellerie Tourisme avec mon collègue Hervé Chappert.
Notre objectif est de produire de nouvelles ressources numériques avancées, telles que des vidéos de cours et de correction d’exercices, et de générer des QCM. Nous prévoyons également de créer des vidéos de présentation de la filière à des fins de communication avec nos partenaires externes. Ces ressources pédagogiques seront utilisées dans nos formations en présentiel ainsi qu’en ligne.
