Karuta retour d’expérience

Pour la démarche portfolio, l’Université de Montpellier a notamment retenu l’intégration du modèle KAPC+ développé avec le logiciel Karuta. Dans cet article, nous vous proposons un retour d’expérience de deux enseignantes, Chrysta Pélissier, maîtresse de conférences, habilitée à diriger des recherches, à l’IUT de Béziers, et Anita Messaoui, maîtresse de conférences à l’IUT de Montpellier-Sète.

Dans le cadre de la mise en place de l’approche par compétences (APC), le Service des Usages du Numérique (SUN) a pour vocation, en lien avec le Vice-Président délégué au Numérique pour la Formation, David Cassagne, de proposer des outils numériques aux enseignants afin de faciliter sa mise en place. Un des enjeux est de trouver des outils qui permettent de documenter un parcours de développement (Scallon 2004 ; Tardif 2006). 

Pour la démarche portfolio, l’Université de Montpellier a notamment retenu l’intégration du modèle KAPC+ développé avec le logiciel Karuta.

La démarche portfolio

Cette initiative s’inscrit dans le projet national de développement d’une démarche portfolio du Supérieur au sein du projet « Avenir(s)1 » financé par France 2030. La mise en place de la diffusion de cette application à l’échelle nationale est complexe, une version industrialisée nationale n’est pas prévue avant mars 2026. Même si l’avancement au sein de l’Université de Montpellier dépend fortement de la progression nationale, nous avons souhaité au niveau de l’Université de Montpellier, mettre en place une phasetest avec un groupe de travail. Cette phase s’est déroulée entre octobre 2022 et janvier 2023. Entrant dans la continuité de travaux d’analyse déjà engagés (Messaoui et Pélissier, 2022), ce travail a pour objectif de mener à bien son utilisation avec plusieurs promotions d’étudiants inscrits dans les différents IUT de l’UM. 

Dans cet article, nous vous proposons un retour d’expérience de deux enseignantes, Chrysta Pélissier, maîtresse de conférences, habilitée à diriger des recherches, à l’IUT de Béziers, et Anita Messaoui, maîtresse de conférences à l’IUT de Montpellier-Sète. Les deux enseignantes n’ont pas utilisé l’application Karuta de la même manière, nous y revenons en détail dans cet article. 

Cet article utilise le vocabulaire de l’approche par compétences, tel qu’il est utilisé au sein des IUT (Tardif, 2006 ; Poumay et Georges, 2023). En cliquant sur le lien ci-après, vous trouverez un récapitulatif des définitions en lien avec cette approche.

Il est important de souligner que notre article n’expose pas les contenus pédagogiques proposés par les étudiants lors de cette phase test, mais se base sur leurs retours une fois l’application utilisée. 

Usage pédagogique numéro 1 Utilisation de KARUTA : Mise en perspective par les étudiants du département Métiers du Multimédia et de l’Internet – 1° année BUT (IUT Béziers)

Au sein du département Métiers du Multimédia et de l’Internet (MMI) de l’IUT de Béziers, Chrysta Pélissier, avait quatre objectifs :  

  • Discuter une tendance institutionnelle pour les IUT ;  
  • Demander aux étudiants d’effectuer un audit personnel de leurs compétences transversales ;  
  • Mettre l’utilisation de KARUTA en perspective ; 
  • Proposer une analyse ergonomique des interfaces de l’application telles qu’elles sont aujourd’hui proposées. 

Pour son lancement, le scénario pédagogique a amené deux membres de l’équipe du SUN, Dominique Hervy-Guillaume, ingénieure pédagogique, et Emilien Genevet, ingénieur logiciel, à se déplacer pour rencontrer les étudiants afin de pouvoir accompagner la découverte de Karuta et échanger lors de la première utilisation avec les étudiants et l’enseignante. 

Le projet, mené entre octobre et décembre 2022, concernait 65 étudiants en première année du BUT.

Après la phase de découverte et d’expérimentation au cours de laquelle les étudiants ont pu identifier, structurer et formuler leurs compétences transversales, ils ont mis en perspective l’utilisation de Karuta. Leurs retours, positifs et négatifs, ont pu être classés par l’enseignante dans des catégories, telles que « rendre compte de ma progression », « la projection, l’aide à fixer des objectifs », « l’ergonomie de l’interface » ou encore « les difficultés en lien avec Karuta » (NB : La liste n’est pas exhaustive). 

Si l’on regarde les deux premières catégories, Karuta semble servir l’outil à l’autoévaluation. Selon Boud et al, (2019), dans le cadre de l’APC, l’autoévaluation ne demande pas simplement de s’attribuer une note, mais à expliciter sa façon de mettre en œuvre la compétence, autrement dit, il s’agit d’autoévaluer sa progression. Selon un étudiant les questions posées «permettent de réfléchir et de se rendre compte de notre progression et nos objectifs, tout en essayant de réduire notre propre bais » et un autre étudiant souligne que Karuta « nous permet aussi de réfléchir au futur, où nous souhaitons nous situer, ce qui est important puisque nous allons progresser dans une multitude d’aspect et il est bon de s’en souvenir ». 

Outre la dimension pédagogique, les étudiants ont également proposé des aménagements de l’application, des propositions très concrètes, qui concernent par exemple le manque de guidance. Selon eux, il faudrait mieux accompagner l’utilisateur sur le site. Les boutons d’actions ne sont pas toujours très clairs, souvent, ils possèdent le même aspect visuel. Le fait que l’application ne soit pas responsive a également été soulevé. 

Usage pédagogique numéro 2 – Utilisation de KARUTA : Travail sur un projet SAÉ et création d’espaces personnels. Informatique – 1° année BUT (IUT Montpellier-Sète)

Anita Messoui, en collaboration avec deux intervenants, a utilisé Karuta pour 159 étudiants entre novembre 2022 et janvier 2023. 

Contrairement au premier projet pédagogique, Karuta est ici employé dans sa fonction primaire : comme un eportfolio. Tout d’abord, les étudiants ont dû importer une SAé, créé par l’enseignante. Ils ont ensuite répondu aux questions réflexives proposées par Karuta. Et pour terminer, les étudiants ont créé des espaces personnels pour les projets réalisés dans le premier semestre du BUT.  

Le questionnaire soumis aux étudiants après l’utilisation de Karuta donne quelques tendances. Certains répondants soulignent l’intérêt de la démarche « Le principe en lui-même de faire un portfolio est une bonne idée, puisque cela permet de suivre l’avancée des projets et des connaissances des étudiants ». 

Le questionnaire soumis aux étudiants après l’utilisation de Karuta donne quelques tendances. Certains répondants soulignent l’intérêt de la démarche « Le principe en lui-même de faire un portfolio est une bonne idée, puisque cela permet de suivre l’avancée des projets et des connaissances des étudiants ».

Cependant, parmi les répondants, une minorité souhaite réutiliser Karuta si ce n’est pas obligatoire. Au-delà de la difficulté à appréhender la démarche portfolio, les étudiants pointent une ergonomie peu intuitive et l’absence d’affichage responsive sur les tablettes et les appareils mobiles. 

Quant aux axes d’amélioration proposés, les suggestions rejoignent celles des étudiants de l’IUT de Béziers. Selon les étudiants de l’IUT Montpellier-Sète, il faudrait améliorer la clarté des menus et ajouter des tutoriels explicatifs sur la démarche globale. 

En ce qui concerne les retours des enseignants, Karuta, couplé au modèle Kapc+, peut être envisagé comme un espace pour garder les traces des activités réalisées par les étudiants durant toute la formation. Le fait de pouvoir personnaliser les questions des espaces SAÉ est un atout pour guider l’étudiant dans sa démarche réflexive – une attente forte de l’APC. Ce paramétrage n’est cependant pas possible pour les espaces personnels créés par les étudiants. Ils doivent alors répondre aux questions par défaut du modèle KAPC+. 

Par ailleurs, l’accès au portfolio de chaque étudiant n’est pas évident, car la totalité du portfolio ne peut être vue par tous les enseignants. Bien entendu, le portfolio est propre à chaque étudiant, et par conséquent, à lui de décider de ce qu’il a envie de partager avec ses enseignants. Ainsi, le modèle Kapc+ incite l’étudiant a être acteur de son apprentissage. Néanmoins, ce point peut engendrer des difficultés lors d’une évaluation, si l’étudiant oublie de demander un feedback ou eu évaluation, l’enseignant n’a pas accès au travail accompli. L’accompagnement devient alors impossible. Un autre point soulevé par les enseignants concerne l’évaluation : Karuta est conçue pour évaluer les actions, mais au sein des IUTs, le Programme National prévoit l’évaluation du portfolio de manière globale. 

 Les deux retours d’expériences sont très riches, ils permettront d’alimenter les réflexions du groupe de travail. L’outil permet aux étudiants le suivi de leur démarche réflexive, néanmoins, des problèmes ergonomiques compliquent l’utilisation.  

Merci aux enseignantes pour ce retour détaillé et aux étudiants pour les échanges que nous avons pu avoir lors de notre venue. 

Bibliographie

Boud et al, (2018), Developing evaluative judgement: enabling students to make decisions about the quality of work (1er éd.). Routledge. https://doi.org/10.4324/9781315109251  

Messaoui A., Pélissier Ch. (2022) Une ressource méthodologique pour analyser les scénarios pédagogiques dédiés à la démarche professionnelle portfolio et (re)penser leur conception. RENOIR – Les ressources éducatives pour la formation au prisme de la professionnalisation dans l’enseignement supérieur, Oct 2022, Clermont-ferrand, France. ffhalshs-03915861  

Scallon, G. (2004). L’évaluation des apprentissages dans une approche par compétences. Saint -Laurent (QC), Éditions du Renouveau Pédagogique. 

Tardif, J. (2006). L’évaluation des compétences. Documenter le parcours de développement. Montréal : Chenelière Education 

Poumay M., Georges F. (2023) Comment mettre en œuvre une approche par compétences dans le supérieur ? Louvain-la-Neuve : De Boeck 

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